Le lièvre et la tortue

Publié le par Everest en Sable

Rien ne sert de courir; il faut partir à point :
Le Claude et ses compères en sont un témoignage.
«Gageons, dit celui-ci, que vous n'atteindrez point
Sitôt que moi la ligne d'arrivée. - Sitôt? Êtes-vous sage ?
Repartirent les compères légers :
Jeune vieux, il vous faut purger
Avec quatre grains d'ellébore et quelques gels sucrés. 
- Sage ou non, je parie encore."
Ainsi fut fait; et de tous
On mit près du but les enjeux :
Savoir quoi, ce n'est pas l'affaire,
Ni de quel juge l'on convint.
Nos compères n'avaient que quatre pas à faire,
J'entends de ceux qu'il fait lorsque, prêt d'être atteint,
Il s'éloigne des chiens, les renvoie aux calendes
Et leur fait arpenter les sables du Marocain désert.
Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
Pour dormir et pour écouter 
D'où vient le vent, ils laissent le Claude
Aller son train de manageur.
Il part, il s'évertue, 
Il se hâte avec lenteur.
Eux cependant méprisent une telle victoire,
Tiennent la gageure à peu de gloire,
Croient qu'il y a de leur honneur
De partir tard. Ils broutent, ils se reposent,
Il s'amusent à toute autre chose
Qu'à la gageure. A la fin, quand ils virent
Que l'autre touchait presque au bout de la carrière
Il partirent comme un trait; mais les élans qu'ils firent
Furent vains : le jeune vieux arriva le premier.
"Eh bien! leurs cria t-il, avais-je pas raison ?
De quoi vous sert votre jeunesse ?
Moi l'emporter! et que serait-ce
Si vous portiez un sac Raidlight de 30kg ? 

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